Au cachot!

Le matin même Feraenor avait été déféré dans les sous-sols du Palais de Justice. Lorsqu'on s'y aventurait un peu, on pouvait y découvrir tout un réseau de couloirs sombres, de portes rouillées et de remises poussiéreuses. C'est au troisième couloir sur la gauche que se trouvait la cellule du rôdeur.

Caramiel avançait a pas mesuré, elle ne savait pas vraiment si sa présence ici était permise, mais, de toutes façons, elle n'était pas explicitement interdite. Elle écoutait, guettant une respiration, un bruit. Elle arriva enfin devant la geôle XXVIII, celle que lui avait indiquée le garde à l'entrée.

La porte en bois massif étaitimpressionnante et l'ouverture qui servait à vérifier l'état du condamné était bien étroite.Au pied de la porte, une petite trappe permettait de faire passer l'eau croupie et le pain sec.

La félys gratta à la porte doucement.

"Feraenor?"

*Depuis la veille, jour ou fut prononcé mon jugement, je n'avais pas eu une seconde sans que je repense à ce qui s'était déroulé...
Tant de choses... Si rapidement...
J'avais rapidement perdu pied, au point de devenir fou, d'insulter Caramiel et de laisser wise en plan... mais que m'était-il donc passé par la tête?
Absorbé par mes pensées, je fus réveillé par un léger bruit, comme si quelqu'un grattait à la porte. Puis la voix de Caramiel se fit alors entendre.
En rampant lentement sur le sol, je finis par m'accouder contre le mur, à côté de la porte. Fort heureusement, dame Caramiel ne me voyais pas, car mon état était des plus piteux. J'étais sale, les cheveux sans ordre, les vêtements pendants. C'est comme si j'avais doucement laissé le temps faire son oeuvre, alors que je n'étais là que depuis un jour...*

"Dame Caramiel? Que faites vous donc ici? Pourquoi venez vous me voir?
Je sais que ce jugement ne vous satisfait point. Je sais ce que vous pensez de moi, et de beaucoup de choses qui tournent encore autour de moi.
Alors, que me voulez vous?"

"Vous avez été condamné à être puni. Ceci ne me satisfait pas. Vous avez été contraint au pain et à l'eau, mais cela n'interdit pas que quelqu'un d'autre vous nourrisse."

Caramiel glisse un petit paquet plat par la trappe.

A genoux devant la porte elle cherche ses mots. Ceux qui lui viennent sont pleins de fiel. Mais elle ne veut pas les lui donner en pâture. Elle n'est pas là pour cela.

"Mangez, vous en aurez bsoin pour tenir toute cette semaine."

Non, elle n'arrivait pas à parler...

*Etonné que recevoir un don de celle qui m'en voulait tant, je pris le plat volontiers. Ma faim n'était pas grande, mais ce plat avait une saveur de plus que celui de la nourriture. Un cadeau de dame Caramiel... je n'osais y croire.*

"Merci dame Caramiel... Merci beaucoup. Excusez mon accueil un peu froid...
Qu'est ce qui vous amène donc ici. Ne me dites pas que vous êtes simplement venu m'apporter a manger. Dites moi ce qui vous tracasse... Je répondrais le plus sincèrement possible... Si je peux vous aider, dites le moi..."

*Je voulais en savoir plus. ce geste était peut être l'occasion pour moi de l'aider a mon tour, de me rapprocher d'elle... Et de lui prouver que je tenais à elle...*

"Rrrah non! Ne commencez pas avec vos remerciement et vos excuses. Je ne veux ni des uns ni des autres!

Je ne suis pas venue pour faire la paix ou quoi que ce soit de la sorte. Je veux juste pouvoir parler un peu. Derrière une porte close, ce sera plus simple je pense. Alors, je vous prie de cesser ces ronds de jambes. Parlons sans fioritures, s'il vous plait.

Feraenor, il vous faut bien vous mettre deux choses en tête. Tout d'abord vous êtes et restez un mâle et jamais je ne vous accorderai ni confiance ni crédit. Ne le prenez pas personnellement. C'est un fait. Et je ne changerai pas.

En second lieu, si je ne souhaite que vous voir mort, dépecé et éparpillé aux quatre coins des Terres d'Argent, c'est que vous détenez ce en quoi j'avais versé mes dernières forces, mes derniers espoirs. Je n'ai maintenant plus rien. Plus rien à offrir, à personne.

Et cette situation ne peut durer pour moi..."

*Les premières paroles de Caramiel ne m'étonnèrent guère... Pas de remerciements... Je ne suis qu'un mâle... le même discours...
La suite fut moins monotone, et je voyais déja l'instant ou elle me tuerai sans pitié, ou elle me volerait wise, ou encor eou elle s'ôterait la vie... ces trois perspectives ne me plaisaient pas, car dans chaque cas, ma vie ou celle d'une personne que j'aime était en danger.
Je m'approchais de la porte*

"Je sais que je vous ai enlevé celle en qui vous aviez placé tous vos sentiments, tout votre amour, toutes vos forces...
Mais croyez bien que je n'ai pas fais cela juste pour le plaisir de vous voir souffrir. Si a vos yeux, je reste un mâle, pitoyable, aux miens vous êtes une amazone, et êtes surtout devenue une amie...
Je sais ce que vi accable, pour l'avoir moi même déja vécu. Non, n'allez pas penser que je me cache encore derrière mes belles paroles, car c'est la vérité. Je ne réitèrerai pas ma proposition de vous tendre la main, vous la refuseriez encore.
Mais comprenez au moins... Que ce que j'ai fais n'est pas contre vous, mais pour elle et moi...Et que ce n'est pas encore perdu pour vous! Il y a certainement quelqu'un en ce monde qui vous attend, tout aussi impatiente et desespérée que vous. Il faut s'armer héla sde patiente, je sais que cela est dure. Mais croyez moi, vous n'avez pas tout perdu... Bein que vous voulez le croire."

"Alors, c'est bien ma mort que vous causerez...
Si wise vient à vous préférer à moi, je ne vous en oudrais pas, elle est libre de son choix... Et libre de ses avis.
Mais si votre vie vous parait inconcevable sans elle, et que vous êtes prête à me la reprendre, car pour vous je ne suis qu'un mâle, ma vie est inconcevable sans elle, et moi je n'aurais pas la force de venir la chercher, car ce serait vous faire du mal, et cela je n'y tiens pas..."

*Ma voix comencait à s'étrangler... Je ne savais plus trop que penser. Avait-elle une chance de me voler Wise? Si oui, je savais ce qui arriverait... Mais si non? Que ferait-elle?*

".. De toute manière, si vous me reprenez wise, alors plus jamais vous ne me verrez ensuite. J'ai promis de ne pas la perdre, et si cela devait arriver, alors le prix à payer sera ma vie"

*Un lourd silence s'installa alors. Je n'osais prononcer un autre mot. je sentais la peur monter en moi... La peur que cela arrive un jour. Je croyais en wise... Mais que pouvais je savoir de ce que Caramiel projettait de faire?*

"Encore une fois vous interprétez mes paroles de travers...
Je n'ai jamais dit que je voulais mourir si wise m'abandonnais, pas plus que je ne lui dirais ce qui se passerait lorsqu'elle m'abandonnerait. ces paroles, vous êtes la seule à les connaitre.
Mais il est normal que lorsque l'être aimé est dans les bras d'un autre, sans aucun espoir de la retrouver, alors on meurt... On meurt d'ennui, de déperissement, de misère, de regrets, qui nous rongent à petit feu.
Je ne quémande pas l'amour de wise, elle est libre de décider, je ne l'obige à rien. Si elle vous choisit, je n'aurais rien a dire. Quant au courage, vous confondez courage et méchanceté. Car si je suis certes attaché à wise, je sais que je n'ai aucune chance d'aller à l'encontre des ses volontés de coeur. Je ne fais aucun chantage, puisque je ne réclame rien... je souhaite à voix basse, sans que personne ne le sache.
Méprisez moi, haissez moi, frappez moi, rachez moi dessus si cela vous chante. cela ne changera rien à ce que je pense.
Vous êtes quelqu'un que j'aime, mais wise resteras celle que j'adore. jamais je ne l'obligerai à rien, mais si elle me quitte pour vous, je n'aurais pas le coeur de la reprendre, car fendre le coeur de mes amies n'est pas dans mes habitudes.
Mais sans doute estimez vous que vous avez raison et moi tort. Qu ej esuis un pauvre être méritant la mort, et vous une noble félys ayant étrnellement souffert, et méritant la vie et le bonheur. restez dans vos étroites pensées. Mais le jour ou vous aurez son coeur, si ce jour arrive, ne venez pas pleurer sur mon corps sans vie, je n'ai nul besoin de vos larmes ou de votre hypocrisie... Ne venez pas non plus vous plaindre si wise vous en veut, pas plus si vous vous en voulez à vous même, ce dont je doute.
décidez de ce que vous voulez, c'est votre vie. Je n'aurais qu'une chose à dire: agissez sans regrets!"

*Je m'arrêtais alors de parler, pour me rendre compte que mon poing était serré. Lorsque je l'ouvris, le petit caillou que je tenais quelques secondes avant s'étalai en poussière sur le sol de la cellule...*

"Choisissiez: tuez moi, ou acceptez moi. Il n'y a pas d'alternative!"

La voix de Caramiel se faisait plus lointaine.

"Pas d'alternative? Vous me laisserez juger, s'il vous plait. Je ne compte pas recevoir d'ordre ou de leçon.

Et je connais des sorts pire que ceux là.

Quant à pleurer sur votre corps... c'est doublement impossible. Je pensais que vous l'aviez compris.

Que j'agisse sans regret? La vie est un rien plus compliquée, je le crains. J'agirai comme je le pourrai.

Je pensais essayer de discuter avec vous, mais il semble que nous soyons voués à parler une langue différente."

"Comment voulez vous discuter?
Vous êtes sourde a mes propos... Et j'avoue, je suis sourd a certains des votres.
Comprenez que moi aussi j'ai le droit d'avoir par le passé souffert comme vous, et peut être serais je disposé a discuter calmement avec vous. Mais si vous continuez a me voir comme un être dénué de valeur, de sentiments et autres, cela sera impossible, et vous le savez...
Je ne vous donne pas d'ordre, mais pour moi, il n'y aura pas d'alternative. Si je veux mourir, c'est mon droit, et ce n'est pas vous qui m'en empêcherais, vous n'en avez ni le pouvoir, ni la volonté.
Alors, essayez de comprendre ce que je suis vraiment. Alors seulement, nous pourrons vraiment commencer à parler...
Aimeriez vous discuter avec quelqu'un qui vous méprise? Vous prend de haut? Vous donne des lecons de vie? C'est ce que vous faites Caramiel, et sans vous en rendre compte.
J'essaie d'être le plus gentil possible avec vous, et vous me crachez au visage. Croyez vous que c'est facile? Non ca ne l'est pas, c'est évident.
Tout repose sur vous, c'est a vous de décider"

*Silence plat. Plus rien ne se fait entendre depuis la cellule, comme s'il n'y avait plus personne...*

Du fond du couloir, une voix reprend doucement.

"Gentil? Mais la gentillesse n'est pas une vertu. C'est ce qui mène le faible à sa perte. Et je parle d'expérience.

Vous dites que tout repose sur moi... je ne sais. Qu'importe. Il est de toutes façons des choses que je ne saurai supporter. Cette conversation aura eu toutefois un mérite. J'aurai compris que mon exil ne sera pas temporaire."

La porte des geoles se ferme dans un grincement sinistre. Les pas lents de la Félys heurtent le sol et leur écho faiblit peu à peu.